Twitter, Google et Big brother...

Même si nous savons tous que le moindre de nos passages sur la toile est disséqué, analysé, broyé, que toutes nos données sont collectées et voyagent d'un site à l'autre pour nous proposer des offres toujours plus en phase avec nos goûts, nos envies, nos modes de vie, il n'empêche que mis devant le fait accompli, on a parfois envie d'éteindre sèchement l'odinateur et de ne plus y revenir jusqu'à ce que la réalité s'impose à nous puisque qu'il est difficile aujourd'hui -voir impossible- de vivre sans le web. Et pourtant...

Comment ne pas éprouver un certain une malaise  en apprenant que des chercheurs avaient réussi à mettre au point une formule mathématique complexe permettant de deviner le sexe de l'internaute à partir de ce qu'il poste sur twitter? Selon les paramètres pris en compte au départ, l'algorithme tombe juste dans 66 à 92 % des cas. D'où la conclusion pragmatique du quotidien les Echos : "Ce nouvel outil pourrait bien intéresser la plateforme de microblogage qui conserverait son image d’anonymat pour les utilisateurs tout en proposant des publicités ciblées aux annonceurs". On avait beau être en été quand cette annonce a été faite, le coup est tout de même rude.

Surtout quand quelques jours plus tard, on entend parler d'Eli Pariser et de son ouvrage the Filter Bubble. Cet auteur américain s'est simplement demandé pourquoi quand ses amis et lui tapaient la même recherche dans Google à partir de leurs ordinateurs respectifs, ils n'obtenaient pas les mêmes résultats. L'explication est simple et tient en deux mots : la recherche personnalisée. Grâce, là aussi, à des équations savantes et aux informations que nous laissons sur internet sans nous en rendre forcément compte, Google nous présente en priorité les résultats susceptibles de correspondre le plus à notre façon de penser. D''où la divergence des liens d'un ordinateur à l'autre, puisque les résultats dépendent en partie des sites sur lesquels vous allez régulièrement, des recherches que vous avez effectuées dans le passé... de vos habitudes de navigation en somme. Le mot est lâché, "habitude". Alors que chacun derrière son clavier est persuadé que le web est une fenêtre sur le monde, nous sommes, en réalité, confortés dans nos positions. Internet perd alors ce qui en fait tout l'intérêt, à savoir la multitude d'informations, de toutes sources, tous milieux, tous pays.

Bref alors que la rentrée est bien engagée et que les vacances sont loin à présent, essayons quand même de prendre le temps de réfléchir à notre utilisation d'internet, tant sur les traces que nous y laissons que sur la valeur de ce que nous y trouvons. Certes la mode est à la récupération et au recyclage, mais appliquée à nos données personnelles, le concept perd soudain tout son attrait...

Que cela ne nous empêche pas de surfer...mais intelligemment !