France, du 27 février au 5 mars
Politique: un remaniement pas si neutre...
Michèle Alliot Marie paie cher ses extravagances en Tunisie: la dame de fer dont la réputation d'intégrité et d'honnêteté a largement été mise à mal durant cette affaire, a été débarquée du gouvernement. Présente depuis 9 ans, elle y a rempli tour à tour les fonctions de ministre de la Défense, ministre de l'Intérieur, de l'Outre-mer et des Collectivités territoriales, ministre d'État, garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Libertés, puis ministre d'État, ministre des Affaires étrangères et européennes. C'est la seule personnalité politique de la Ve République à avoir successivement occupé quatre ministères régaliens.
On reviendra pas sur les racines de la polémique, celle-ci étant fondée et vérifiée. Il parait tout à fait justifié de demander la démission d'un Ministre quand le comportement de celui-ci se trouve en décalage avec l'importance de sa fonction.
Néanmoins on peut se demander si en matière politique il n'existe pas deux poids deux mesures dès lors qu'on est une femme ou un homme. Sans vouloir verser dans une conversation stérile, il me parait important de revenir sur quelques éléments: quand l'affaire MAM a été révélée, il n'a pas fallu attendre longtemps pour que Fillon aussi soit mis en cause pour son séjour en Egypte aux frais de la famille Moubarak. Les faites reprochés au Premier Ministre sont tout aussi graves que ceux reprochés à MAM et pourtant, hormis les réactions de la presse, aucune sanction pour lui, comme si rien ne s'était passé. Toujours durant l'affaire MAM, l'ambassadeur de France en Tunisie nouvellement nommé, Boris Boillon a commis dès son arrivée des erreurs diplomatiques graves et portant atteinte à l'image de la France. Qu'importe une demi-page d'excuses plus tard et c'est oublié. Si on jette un regard sur les autres membres du gouvernement, on se rappelle que Brice Hortefeux a été condamné deux fois en 6 mois, pour injure raciale et pour atteinte à la présomption d'innocence alors qu'il était Ministre de l'Intérieur. Et le poste qu'il occupe actuellement, conseiller politique du président, sans être aussi prestigieux aux yeux de l'opinion, le place comme une pièce maitresse pour 2012.
Mon propos n'est pas ici d'excuser MAM ou de réclamer sa réiintégration au gouvernement, au contraire. Simplement de relever que la classe politique française ne semble pas encore prête à traiter ses membres de la même manière et que, si l'on exige un comportement irréprochable de la part de ces Dames, il serait bien que les Messieurs y soient aussi contraints...
Boris Boillon défendant Khadafi en novembre 2010 dans l'émission "Le Grand Journal". Il était à l'époque ambassadeur de France en Irak. Quelle crédibilité ensuite pour la France?
Annie Girardot, bouleversée, lors de la remise du César en 1996